LE PILIER SOCIÉTAL
LA MODE, VECTEUR DE CHANGEMENTS SOCIÉTAUX PROFONDS
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Ce phénomène prend une ampleur particulière dans les années 50, lorsque des magazines avant-gardistes comme ELLE, Jardin des Modes ou Vogue mettent en avant la confection de manière inédite et marquent alors toute une génération en quête d’émancipation. À l’époque, une majorité des femmes restent au foyer et sont priées d’appliquer à la lettre
Le pont avec la Haute Couture s’intensifie dans les années 60 avec les collaborations du magazine ELLE et des grands couturiers, signant l’arrivée du prêt-à-porter des couturiers dans les classes moyennes qui ont ainsi accès à la créativité des grandes maisons. De plus, les collaborations entre ELLE et les grands magasins Galeries Lafayette, puis les magasins populaires Prisunic, vont accélérer l’arrivée de la mode dans la rue, pour tous et pour toute la famille.
Ce phénomène prend une ampleur particulière dans les années 50, lorsque des magazines avant-gardistes comme ELLE, Jardin des Modes ou Vogue mettent en avant la confection de manière inédite et marquent alors toute une génération en quête d’émancipation. À l’époque, une majorité des femmes restent au foyer et sont priées d’appliquer à la lettre les préceptes du “Guide de la bonne épouse”. Les premières couvertures sur le prêt-à-porter que font ces magazines en 1952, 1955 et 1956 créent un pont avec la Haute Couture et permettent aux femmes de s’émanciper.
Le pont avec la Haute Couture s’intensifie dans les années 60 avec les collaborations du magazine ELLE et des grands couturiers, signant l’arrivée du prêt-à-porter des couturiers dans les classes moyennes qui ont ainsi accès à la créativité des grandes maisons. De plus, les collaborations entre ELLE et les grands magasins Galeries Lafayette, puis les magasins populaires Prisunic, vont accélérer l’arrivée de la mode dans la rue, pour tous et pour toute la famille.
La Vente A Distance
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LA PLACE DE LA FEMME
De nombreuses femmes connues s’habillent chez Paul Poiret, comme l’actrice Sarah Bernhardt ou la danseuse provocatrice Isadora Duncan.
Elle offre aux femmes des vêtements à coupe droite et au tombé impeccable, et des tissus fluides afin de ne plus entraver leurs mouvements. La “petite robe noire” marque l’achèvement du processus révolutionnaire
de simplification de l’habillement féminin.
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En matière d’évolution des mœurs, il est difficile de ne pas parler des deux guerres et de leur impact sociétal sur la condition des femmes. La fin de la première guerre marque un relâchement des mœurs et la femme connaît une période plus libre dans les années 20 et 30, accompagnée par des références de la Haute Couture comme citées plus haut, mais aussi avec l’adoption par les femmes de vêtements plus pratiques et populaires comme le pantalon. Bien que porté à Hollywood par certaines actrices célèbres comme Greta Garbo ou Marlène Dietrich, c’est le travail des femmes dans les usines ou exécutant d’autres “travaux pour hommes” qui contribue à démocratiser une tenue plus masculine pour les femmes. Le pantalon en est un parfait exemple. Toujours dans cette mouvance d’après-guerre, à la fin des années 50, Marcel Boussac se lance,
en plus de ses activités industrielles textiles, dans la fabrication des machines à laver Bendix, qui permettent aux femmes de vaquer à d’autres occupations pendant que la lessive se fait toute seule. Il en offre même un exemplaire à chacune de ses ouvrières.
La mode est aussi synonyme de travail, et donc d’émancipation, pour les femmes aux XIXe et XXe siècles. Depuis le XVIIIe siècle la couture est prédominante parmi les métiers exercés par les femmes, et le développement de l’industrie de la confection, de la chaussure et du cuir permet d’apporter une situation stable et un moyen de s’émanciper. En effet les travaux d’aiguille passent pour une activité convenant aux femmes de tous âges et de toutes classes, et leur permet d’associer la fierté du travail et le désir d’expression de soi. Certaines femmes françaises acquièrent, grâce à leur travail de couturière, une renommée internationale. Qui de mieux pour illustrer ce propos que les grandes Jeanne Lanvin et Jeanne Paquin ? Toutes deux nées à la fin du XIXe siècle, elles font partie des premières femmes à être reconnues pour leur travail.
La mode a donc eu un impact majeur sur la place des femmes dans la société, les rendant plus indépendantes, libres et respectées. La mode n’a pas accompagné l’émancipation qu’ont connue les femmes et leur corps de 1850 à 2000, elle l’a engendrée.
Paul Poiret
pionnier,
sans doute involontaire,
de l’émancipation féminine
Probablement connu comme le plus grand couturier du début du XXe siècle, Paul Poiret fait d’abord ses armes auprès de Jacques Doucet qui lui confie la tâche de dessiner des robes pour les actrices célèbres du moment, comme Réjane ou Sarah Bernhardt.
Dès ses premières créations pour la maison Doucet, il joue sur de grands volumes déconstruits, aux coupes inspirées de robes orientales. Après avoir travaillé dans la légendaire maison Worth, il ouvre en 1903 son atelier “Le Magnifique” et épouse en 1905 celle qui sera sa plus grande muse : Denise Boulet. Dès 1906, il exclut les corsets de ses créations et déplace ainsi le centre de la silhouette de la taille vers les épaules. Les femmes respirent enfin. Cette suppression du corset fait du corps de la femme un objet d’imagination et de désir qui donne l’idée à certains de créer le soutien-gorge. Il imagine plus tard la jupe-culotte et continue ainsi à donner à la femme un peu plus de liberté, elle qui est à l’époque interdite de pantalon. Mais libérer le corps de la femme n’est pas son leitmotiv, c’est une conséquence de son travail. Paul Poiret veut être différent, unique, novateur et considère le corps de la femme presque comme un objet qui lui appartient.
Il a une emprise despotique sur la mode et sur la manière d’habiller les femmes. D’ailleurs, après avoir libéré les femmes du corset, il crée la “jupe entravée” qui force les femmes à trottiner tellement la jupe est resserrée à sa base. Il déclare un jour en parlant de lui : “la mode a besoin d’un tyran”.
Et oui, Emmanuelle Khanh, Christiane Bailly et Michèle Rosier peuvent être considérées comme les authentiques premières stylistes, un nouveau métier alors, de la mode française. Elles sont notamment connues pour avoir grandement participé à l’essor du prêt-à-porter. Les trois femmes feront sensation lors de leur défilé commun en 1965 où elles affichent une vision du vêtement féminin travaillé avec style et à la forte personnalité, très éloigné des codes de la Haute Couture. C’est la première fois qu’à New York, on fait défiler 3 stylistes n’appartenant pas à la Haute Couture.
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L’INCLUSION GRÂCE À LA MODE
La mode a de tout temps eu une dimension inclusive forte.
Gabrielle Chanel introduit durant les années folles les premiers tailleurs en tweed pour femme, à la base réservés aux hommes, puis le blazer à boutons dorés qui est à l’origine un vêtement militaire. Un premier pas vers une uniformisation des vêtements qui montre encore une fois l’engagement de Mademoiselle Chanel pour l’émancipation des femmes. Il y a ensuite l’apparition du jean pour femme en 1934, qui représente une révolution en termes de confort et de praticité pour la gente féminine. Dans les années 60, et avec l’émancipation sexuelle qui a lieu à cette époque, les femmes se permettent de porter des jeans unisexes. Un petit pas pour la mode, un grand pas pour les vêtements “no gender”.
Les tendances de fond de l’univers de la mode que l’on observe au fil des époques ont toutes un point commun : celui de ramener ce qui est “à la marge” au “centre”. C’est après la seconde guerre mondiale que la mode commence à avoir une fonction inclusive forte pour la communauté LGBTI.
Cette période de 1850 à 2000 voit s’opérer une évolution des mœurs sans précédent : montée de l’individualisme accompagnée par la démocratisation de la mode, émancipation de la femme et de son corps, inclusion de communautés minoritaires et valorisation des corps dans toute leur diversité… de nombreux changements sociétaux majeurs ont lieu, et la mode a joué un rôle – souvent central – dans chacun d’eux.
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Jean Paul Gaultier est bien connu pour sa vision ouverte et inclusive de la mode. L’homme au grand cœur et à l’énergie débordante dessine des vêtements pour tous les corps, crée des collections aussi pour les femmes rondes et est le premier à les faire monter sur le podium ! Il fait de même avec les personnes âgées, transgenres, androgynes, et pour tous les physiques atypiques et toutes religions confondues : un modèle d’inclusion.
“Créateur non conforme cherche mannequins atypiques. Gueules cassées ne pas s’abstenir”, voilà le genre d’annonce que passe Jean Paul Gaultier dans Libération. L’enfant terrible de la mode, surprend en 1984 en faisant défiler des hommes en jupe, un acte qui revendique avec ironie le droit pour les hommes de se présenter comme un objet sexuel. Il déclare dans les années 80 “les vêtements n’ont pas de sexe”, affirmation qui le caractérise tout au long de sa carrière, cherchant à effacer les frontières entre les genres. Il fait défiler des femmes âgées lorsque la mode est aux jeunes, des femmes rondes alors que l’industrie ne jure que par la minceur. “Les silhouettes que je propose sont un hommage à la différence. Je veux montrer qu’on peut ignorer les stéréotypes, que les femmes voluptueuses sont aussi belles et sexy, et peuvent porter mes vêtements”. Il s’inspire même de la culture queer pour certaines de ses créations, rendant hommage jusqu’au bout à la culture LGBTI. Gaultier n’enferme pas les hommes et les femmes dans des stéréotypes, qu’il ignore au contraire, il mélange les cultures, il fait tomber les barrières qui les séparent, le tout avec l’insolente ironie qui le caractérise.
Jean Paul Gaultier reste une icône de la mode française et un exemple d’inclusion, qui inspire de nombreux créateurs de notre époque à aller vers une mode toujours plus inclusive.
©Pierre et Gilles. De la rue aux étoiles, Jean Paul Gaultier, 2014 Exposition Grand Palais 2015
sur la nouvelle place
de l’enfant dans la société
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LE TEMPS DES USINES
Des écoles naissent dans les usines et on introduit le travail des enfants dans les filatures. Toute une façon de vivre paysanne et une classe sociale à part entière est anéantie : c’est le déclin de la classe paysanne.
Et l’histoire se répète. La classe ouvrière connaît le même sort à la fin du XXe siècle,