L’industrie de la mode a atteint un niveau de complexité exceptionnel ces dernières années. Du fait de la mondialisation, la chaîne d’approvisionnement intègre des acteurs de plus en plus nombreux et de plus en plus lointains. Alors qu’auparavant, il était habituel de travailler avec des acteurs locaux, situés autour de son entreprise. Ce changement de paradigme a modifié les règles du jeu. Par conséquent, cela a déclenché une nécessité de traçabilité et de transparence de plus en plus grande.
Pourquoi la transparence est-elle importante ?
Premièrement, cette demande pour une plus grande transparence de la part des marques est venue des consommateurs. Avec notamment l’émergence, en 2013, des mouvements créés à la suite de l’effondrement du Rana Plaza. Pour rappel, le Rana Plaza est un immeuble d’ateliers de confection au Bangladesh dont l’effondrement avait fait plus 1 100 morts et plus de 2 000 blessés. C’est la pire catastrophe industrielle du Bangladesh.
Des marques telles que Mango, Primark, Benetton ou encore Auchan ont été impliquées. De ce fait, cela provoqua une importante protestation de la part des consommateurs du monde entier. Le collectif Fashion Revolution est créé à ce moment et lance les campagnes « Who made my clothes ? » et « What’s in my clothes » visant à interpeller les marques et les consommateurs sur la provenance des vêtements produits. Fashion Revolution met à disposition sur son site un index des entreprises de la mode les plus transparentes, répondant ainsi, en partie, à ce besoin exprimé par les consommateurs.
De plus, il y a également des lois comme le devoir de vigilance sur la chaîne d’approvisionnement de la mode qui sont mises en place par le législateur, dans un contexte de scandales à répétition. En France, la loi relative au devoir de vigilance des donneurs d’ordre est promulguée en 2017. Elle impose aux sociétés de très grande taille, et à l’ensemble des sociétés qu’elles contrôlent directement ou indirectement, certaines mesures . Comme mettre en place des mesures d’identification et de prévention des risques d’atteinte aux droits humains et aux libertés fondamentales des travailleurs employés par leurs fournisseurs et sous-traitants. En cas de manquement à cette obligation, des sanctions sont prévues par la loi. Cette loi est actuellement reprise en grande partie par l’Union Européenne, dans un projet de loi plus global visant toutes les entreprises de plus de 250 employés.
À l’échelle mondiale, un nombre croissant de pays adopte une législation sur la transparence des chaînes d’approvisionnement. Elles peuvent aussi concerner les entreprises étrangères opérant sur leur sol :
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- En 2010, le California Transparency in Supply Chains Act.
- En 2016, le Modern Slavery Act du Royaume-Uni.
- En 2016, le Trade Facilitation and Trade Enforcement Act des États-Unis.
- En 2019, la loi sur la diligence raisonnable en matière de travail des enfants des Pays-bas.
Pour avoir plus de détails sur les dernières lois en vigueur et leurs impacts pour les entreprises de la Mode, vous pouvez consulter cette vidéo réalisée par nos deux co-fondateurs.
Comment aller vers plus de transparence ?
Transparence et traçabilité sont des concepts étroitement liés et aujourd’hui indispensables de la chaîne d’approvisionnement. L’objectif de toute marque est de la connaître et la maîtriser. Afin d’être transparente, la traçabilité est nécessaire, pas l’inverse.
Être en mesure de cartographier sa chaîne d’approvisionnement a de nombreux avantages :
- Ne pas être associé à des entreprises non-conformes et se prémunir contre des accusations de pratiques à risque.
- Communiquer des informations spécifiques et fiables ayant trait aux composants, aux fournisseurs, aux installations, aux certifications, etc.
Chez Pando, c’est un enjeu que l’on retrouve beaucoup chez les clients que nous accompagnons dans leur stratégie RSE. La transparence est un besoin clé pour eux, auquel nous répondons avec des leviers de traçabilité forts et sécurisés. C’est un fait ! Pour être transparente, une entreprise doit être capable de tracer ses livraisons de matières premières, d’ingrédients et de composants tout au long de la chaîne d’approvisionnement.
Recourir aux labels facilite la démarche car ils garantissent la provenance et les conditions de production des produits, sur le plan social et / ou environnemental. Nous pouvons citer l’Organic Content Standard (OCS) qui atteste du caractère biologique d’une matière textile depuis la matière première au produit fini. Ou encore, les labels Global Recycled Standard (GRS) ou Recycled Claim Standard (RCS) qui certifient le caractère recyclé des produits tout du long de la chaîne d’approvisionnement.
Sur le plan de la communication, la norme ISO 14021 encadre les déclarations environnementales par les entreprises elles-mêmes, autour de leur impact et plus globalement de leur performance RSE.
Enfin, la transparence et la traçabilité sont indissociables des achats responsables. Notre co-fondatrice Laëtitia Hugé a conçu une formation pour l’Institut Français de la Mode sur ce thème, dédiée aux professionnels de la mode travaillant dans les achats, le sourcing et la qualité. Les achats responsables sont au cœur de l’enjeu de transparence.
Pour conclure, meilleure est la transparence, et donc la traçabilité de la chaîne d’approvisionnement, plus le degré d’atténuation des risques sera élevé pour les entreprises et plus les opportunités de développement seront assurées. C’est pour cela que cette recherche de transparence est au cœur des préoccupations de notre secteur. Parvenir à une transparence totale n’est pas chose aisée : sécuriser la traçabilité et garantir la transparence passe avant tout par une relation de confiance entre la marque, les fournisseurs et les autres partenaires ou parties prenantes. Et cette notion de confiance est primordiale dans la RSE.