Première Vision 2020 : innover pour plus de durabilité dans la mode

Le salon Première Vision spécialisé sur les matières, est le rendez-vous des fabricants venus du monde entier. Pando était présent, et dans cet article nous vous parlons des éléments qui nous ont marqués lors de cette édition 2020.

Cette année beaucoup de sujets ont été abordés lors des talks et si on devait résumer en quelques mots ce que l’on a retenu, ce serait : innover plus pour une mode plus durable. En effet l’innovation – tant au niveau des matériaux utilisés que dans les usages qui en sont faits – était omniprésente : digital fashion, bio fabrication, création de nouvelles matières et gamification dans la mode sont autant d’innovations qui ont été présentées lors de ce salon.

 

A-t-on besoin de vrais vêtements ?

Dans certains cas non. Aujourd’hui il y a un besoin de faire de la mode virtuelle : influenceurs, apprenti modèles et designers en herbe utilisent les réseaux sociaux pour se mettre en valeur et gagner en notoriété. Pour répondre à ce besoin, les marques Carlings ou The Fabricant ont lancé des collections virtuelles, avec zéro impact sur l’environnement, qui permettent de s’habiller sur une photo et de la publier sur les réseaux sociaux. C’est un business model intéressant pour le futur et répondant à un vrai besoin.

Dans la même veine, l’application Drest permet d’habiller des avatars (vous ressemblant bien évidemment) avec des vêtements de luxe. Les possibilités sont vastes et permettent à chacun de jouer, à la fois avec les produits et le décor environnant, en habillant son avatar des plus grandes marques. L’utilisateur peut ensuite partager ses silhouettes avec d’autres joueurs, les commenter, et évidemment les acheter dans la boutique intégrée.

Ensuite, le géant américain Tommy Hilfiger a parlé de son projet ambitieux d’intégrer la technologie de conception 3D à toutes les étapes de la fabrication du vêtement pour numériser sa chaîne de valeur de bout en bout. La marque avait déjà affiché sa volonté d’intégrer le numérique avec des catalogues on-line et des showrooms numériques. En 2020, les chemises hommes seront conçues à 100% en 3D et en 2022, la technologie de conception 3D sera intégrée à toutes les étapes de conception de vêtements. Une économie de temps et de coûts bien sûr, mais c’est aussi une action résolument durable.

« Le potentiel de la conception 3D est illimité, nous permettant de répondre aux besoins des consommateurs plus rapidement et de manière plus durable, c’est le futur », avait déclaré il y a plusieurs mois Daniel Grieder, PDG de Tommy Hilfiger Global.

Toutes ces actions permettent de diminuer le gaspillage, l’utilisation de matières premières et de lutter contre la surproduction. On est bien sur une démarche éco-responsable.

 

Simplisme : le piège à éviter

Est-ce le plastique qui est dramatique ou l’utilisation à outrance qu’on en fait ? C’est la démonstration habilement faite par Quentin Hirsinger, président de MatériO, une structure indépendante qui recherche des matières singulières, atypiques et innovantes à utiliser dans tous les secteurs. Il ne s’agit pas de simplement bannir une matière mais plutôt de l’envisager à la lumière de l’application qu’on en fera.

« Il n’y a pas de mauvais matériaux, il n’y a que des mauvaises applications. La seule matière à ne pas économiser, c’est la matière grise » ajoutait-il lors de sa conférence.

Il a également été question du bio-mimétisme : Quentin Hirsinger a rappelé à très juste titre que la nature est une bibliothèque de livres de technologies que nous n’avons pas ouverts, et qu’il nous faut ouvrir avant de les brûler.

 

Eco-matériau : le futur de la mode durable entre les mains de Game Changers ?

Toujours en lien avec le bio-mimétisme, nous avons eu la chance d’écouter et de rencontrer des représentants de structures qui démontrent une capacité d’innovation extraordinaire en termes de bio fabrication.

  • Modern Meadow: cette entreprise veut transformer le monde de la matière en produisant des matériaux fabriqués à partir de protéines de collagènes pour récréer du cuir, mais sans passer par l’exploitation d’animaux. Les avantages sont nombreux : pas d’exploitation animalière, biodégradable, innovant, duplicable et diminution de la consommation d’eau et de gaz.

  • Spiber: cette structure procède de la même manière que Modern Meadow en se basant sur l’analyse des séquences génétiques et des propriétés physiques des toiles d’araignées pour créer des matières extrêmement similaires au cashmere, au cuir ou à la fourrure.

  • Dyecoo: cette entreprise de teinture parvient à teindre des matériaux consommant… du CO2. Un procédé qui lutte directement contre le réchauffement climatique en consommant justement ce qui est en la cause.

Par ailleurs, comme le disait Steve Jobs : « Les plus grandes innovations du XXIe siècle seront à l’intersection entre la biologie et la technologie ». Ces acteurs innovants en font la démonstration en révolutionnant la mode.

Première Vision 2020 s’achève donc ainsi : sur une note d’espoir, peut-être même de confiance, dans les acteurs d’une mode engagée qui innovent et voient en l’enjeu environnemental une foule d’opportunités à saisir, alliant durabilité, performance économique et bien commun. .

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