Il possède une solidité, une douceur, une résistance et une capacité d’absorption remarquables. Au toucher, il offre une texture distinctive qui rappelle celle de la peau d’une pêche [1].
Le lyocell est fréquemment utilisé dans l’industrie textile, principalement en tant que matière première pour diverses applications. Mais alors quelle est son origine ? Comment est-il fabriqué ? Est-il éco-responsable ? Dans cet article nous allons répondre aux questions que vous vous posez sur cette matière prometteuse.
L’origine du lyocell
C’est une société hollandaise qui a initialement développé le procédé lyocell dans les années 1970, mais ce projet a finalement été abandonné. Ce n’est qu’à la fin des années 1980 que les sociétés Courtaulds Fibers Inc basées au Royaume-Uni et Lenzing AG en Autriche ont repris les recherches sur le lyocell. Lenzing a été la première à concrétiser ces recherches en construisant la première usine pilote en 1990. Ce développement ultérieur a contribué à l’établissement de la technologie lyocell et à son succès croissant dans l’industrie textile.
Le lyocell peut être considéré comme une alternative éco-responsable de la viscose. Si la viscose à un bon rapport qualité prix, son processus de fabrication à un fort impact sur l’environnement.
De plus, il peut être considéré comme un matériau écologique car il utilise des matières premières respectueuses de l’environnement, ainsi qu’un solvant non toxique. La fibre de lyocell est produite à partir de pulpe de bois comme l’eucalyptus, le feuillus, le bambou [2]…
Ses avantages :
- Plus respectueux de l’environnement que les autres fibres artificielles
- Grande résistance mécanique
- Bonne respirabilité et grande capacité d’absorption de l’humidité (supérieure au coton ou à la soie)
- Propriétés anti-bactériennes
- Flexible, doux et agréable à porter
- Infroissable et facile d’entretien
Ses inconvénients :
- Produit coûteux (lié à la technologie utilisée)
- Forte consommation d’énergie pendant la production [3]
Différence entre le lyocell et le Tencel®
Vous avez surement déjà dû voir le lyocell et le Tencel® ensemble mais alors quelle est la différence ? En réalité il n’y en a pas vraiment puisque le lyocell (générique) est commercialisé à partir de 1992 sous le nom de Tencel® par la société autrichienne Lenzing.
Lenzing est aujourd’hui le leader dans la production de fibres lyocell, renommées Tencel® [4].
En effet, l’entreprise Lenzing utilise des procédés de pointe et grâce à une gestion des ressources efficace et très contrôlée, leur impact environnemental (calculé en utilisant le Higg Material Sustainability Index ) est moins important que le lyocell (générique).
Les émissions de CO2 sont 58% inférieures en comparaison avec la viscose standard. Le groupe s’est engagé à diviser par deux ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030, visent la neutralité carbone d’ici 2050. Lenzing met en place des actions pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris et du Green Deal.
Aussi, les fibres Tencel® lyocell sont certifiées par l’EU Ecolabel et OEKOTEX® standard 100 classe 1 [6].
Récemment, le groupe Lenzing a dévoilé la phase initiale de son projet « Fiber Recycling Initiative » de Tencel® en collaboration avec ses partenaires industriels, à savoir Artistic Milliners au Pakistan, Canatiba au Brésil et Textil Santanderina en Espagne. Cette initiative, centrée sur la promotion de la circularité au sein de l’industrie textile mondiale, commence par la fabrication de tissus en denim à partir de fibres lyocell (de la marque Tencel®) recyclées mécaniquement. En utilisant des déchets de lyocell post-industriels à une échelle commerciale, cette initiative redéfinit l’avenir circulaire de l’industrie mondiale du denim durable [7].
En quoi cette matière est plus éco-responsable ?
Le lyocell est créé à base de plantes naturelles et aucun produit chimique (pesticides, insecticides…) n’est habituellement utilisé lors de leurs cultures. La fabrication des fibres de lyocell ne requiert pas de solvant toxique.
L’eau est utilisée en plus faible quantité comparé au coton (5000 litres d’eau pour produire 1kg de coton, moins de 1000 litres pour le lyocell), même si cela reste encore trop important [8].
Le solvant servant à obtenir la fibre est recyclé et réutilisé lors des cycles de création (le solvant est récupéré à 99,7%). La fibre du lyocell est, grâce à tout cela, une fibre biodégradable industriellement.
De plus, les arbres et arbustes généralement utilisés poussent dans des forêts labellisées FSC (Forest Stewardship Council) et PEFC (Programme de reconnaissance des certifications forestières). Ces labels permettent de garantir la régénération des écosystèmes et empêchent une exploitation qui nuirait à la biodiversité [9].
Dans ce cas, la production de la matière première est réalisée de manière durable et respectueuse des plantes (pas de déforestation de masse, pas d’utilisation de produits chimiques lors de la pousse…).
Malgré cela, il faut rester vigilant sur plusieurs points pour conserver un produit éco-responsable :
-
- Premièrement, la fibre du lyocell peut être mélangée à d’autres fibres naturelles ou synthétiques. Si le produit est constitué à 50% de polyester, il perd de son intérêt en termes de moindre impact environnemental [10].
- Deuxièmement, les plantes utilisées sont censées provenir de forêts labellisées et gérées durablement. Mais en cas de traçabilité défaillante, et de culture exclusive d’une seule espèce d’arbres par exemple, il y a un risque d’épuisement des sols. Par conséquent, il est crucial de prendre en compte la traçabilité de la matière première [11].
Son processus de fabrication
Le processus de fabrication du lyocell repose sur l’utilisation d’un solvant organique non toxique et recyclable appelé NMMO (monohydrate de N-oxyde de N-méthylmorpholine).
Initialement, la solution est préparée avec 50 à 60% de NMMO, de l’eau et de la cellulose. Ensuite, elle est concentrée par évaporation, afin d’obtenir une solution à filer (d’aspect visqueux). Après filtration, la solution à filer est soumise à un procédé de filage humide à jet sec. Pendant cette phase, la solution est extrudée à travers une filière pour former des filaments. Ces derniers sont ensuite lavés, séchés, et coupés pour produire les fibres lyocell [12].
Des exemples d’applications
En outre, la fibre lyocell est une matière première pour l’industrie textile, elle peut se retrouver dans plusieurs applications : l’habillement, l’ameublement, les produits d’essuyage, de nettoyage, et les compresses chirurgicales…
Conclusion
Pour conclure, le lyocell est une alternative éco-responsable et durable à la viscose qui possède de nombreux atouts que ce soit dans sa production ou dans ses propriétés textiles.
Malgré son coût onéreux lié à la technologie de pointe utilisée, le lyocell produit 10 fois plus de matière que le coton, par hectare cultivé [13].
Dans tous les cas, il faut vérifier à minima que la matière première est bien tracée, issue de forêts gérées durablement, certifiées PEFC ou FSC par exemple.
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Références
[1] The Good Goods, Lyocell
[2][10] Slowy, Le lyocell, une matière artificielle éco-responsable ?
[3][4] Maywayskin, Lyocell Et Viscose : Quelles Différences ?, 11 avril 2021
[5] FR Lenzing fiber portfolio.pdf, avril 2022
[6][7] M&T2 n°131, « Fiber Recycling Initiative » de Tencel® met l’accent sur la circularité avril/mai/juin 2023
[8][9] Les Optimistes, Lyocell & Tencel® : Fibres écologiques et durables
[11] WeDressFair, Viscose (procédé lyocell)
[12] Vaisala, Fibres cellulosiques : procédé lyocell
[13] WeDressFair, Qu’est-ce que le tencel® (lyocell)Publié le 06/10/23