« Un produit textile a un impact sur l’environnement à toutes les étapes de sa vie : de la production de la fibre jusqu’à son devenir post-utilisation. » [1]
L’industrie de l’habillement et de la mode est confrontée à un dilemme lorsqu’il s’agit de sélectionner une matière peu émettrice en Gaz à Effet de Serre (GES) qui se veut aussi éco-responsable. Les matières synthétiques, telles que le polyester et le nylon, bien qu’issues le plus souvent d’énergie fossile, peuvent être moins émettrices de GES que certaines matières naturelles. Mais elles présentent un inconvénient majeur : elles ne sont pas biodégradables et libèrent des microparticules de plastique dans l’environnement, principalement lors du lavage. Dans cet article, nous explorons l’impact des différentes matières sur l’environnement ainsi que les solutions alternatives.
Deux catégories distinctes dans l’industrie textile
En plus des matières artificielles, il existe deux types principaux de matières : les naturelles et les synthétiques.
Les matières naturelles, issues directement de la nature, peuvent être d’origine végétale (comme le coton) ou animale (comme la laine ou la soie). Les matières synthétiques (polyester, nylon…) sont en revanche créées par l’homme essentiellement à partir de charbon ou de pétrole : 70% des fibres synthétiques produites dans le monde proviennent du pétrole [2].
Les procédés pour ces deux types de matières sont polluants. D’un côté, les processus de création et de transformation des matières naturelles, notamment animales comme la laine ou le cachemire, dégagent un niveau élevé de GES. De l’autre, les matières synthétiques, avec des processus de fabrication moins émetteurs de GES que les matières naturelles animales, rejettent des microparticules qui finissent généralement dans les océans et contaminent l’ensemble de la chaîne alimentaire de la planète. Découvrons les impacts de ces matières plus en détail.
L’impact des matières naturelles et synthétiques
Les matières naturelles sont souvent perçues comme un choix respectueux de l’environnement. Mais ce n’est pas toujours vrai ! Par exemple, bien que la laine soit naturelle et biodégradable, certains de ses impacts sont plus élevés que ceux du polyester. Elle est fortement émettrice de dioxyde de carbone, de méthane et de protoxyde d’azote, les trois principaux GES. Lors de la fabrication de 2 mètres carrés de tissus en laine, on émet 13.89 kg eqCO2, ce qui correspond à 70,5 kilomètres en voiture [3].
La production de laine émet des GES principalement lors de la phase amont de production de la fibre. Ces émissions élevées sont dues aux moutons émettant du méthane, et à la décomposition des lisiers, entraînant la production du protoxyde d’azote [4].
C’est pour cela que les matières synthétiques pourraient paraître comme un choix privilégié dans une stratégie bas carbone. Cependant elles libèrent des microparticules de plastique dans l’environnement lors du lavage dont la quantité dans les océans a significativement augmenté. Désormais, 171.000 milliards de microparticules flottent dans les océans. Les textiles synthétiques en sont la première cause, y contribuant à hauteur de 35% [5] : pour chaque lavage de 5 kilos de linge, le polyester ainsi que les autres matières synthétiques relâchent environ 6 millions de microparticules [6].
Les solutions alternatives émergentes
Face à ce dilemme, de nouvelles approches et des solutions alternatives ont émergé. Dans le cas où, pour des raisons fonctionnelles, la fibre synthétique est la meilleure option (comme dans les vêtements techniques et sportifs), nous avons les fibres synthétiques recyclées. Elles offrent une alternative plus durable en réutilisant les matériaux existants.
Les matières synthétiques recyclées
Prenons le polyester recyclé (rPET) par exemple, composé de déchets de PET, issus principalement de l’industrie de bouteille en plastique. Sa production nécessite 59% d’énergie en moins par rapport au polyester vierge [7]. Chez Newlife, le procédé de recyclage permet des économies de ressources : – 94% de consommation d’eau, -64% de consommation d’énergie et -32% d’émissions de CO2 [8].
Le polyester recyclé peut également être mélangé avec d’autres fibres comme le coton recyclé, ce qui permet d’obtenir des produits 100% recyclés. Néanmoins, tout comme les autres matières synthétiques recyclées, il relargue toujours autant de microplastiques lors du lavage que la matière vierge.
Les matières naturelles recyclées ou régénérées
La laine recyclée peut, elle aussi, être une alternative positive. Manteco, le fabricant mondial de laine a lancé sa gamme MWool® (laine recyclée). Ainsi, 1 kg de MWool® a une empreinte carbone de 0,1 à 0,9 kg eqCO2 tandis que la production de fibres de laine vierge libère 10 à 103 kg eqCO2 [9]. Enfin, après l’application de Circular FootPrint Formula ou la formule d’empreinte circulaire, qui est utilisée pour modéliser la fin de vie des produits ainsi que le contenu recyclé, il en ressort que les fibres de laine recyclées peuvent réduire d’environ 60% l’impact environnemental des fibres vierges [10].
La marque StellaMcCartney a aussi expérimenté les matières naturelles régénérées. En 2015, le cachemire représentait 0,13% de l’utilisation globale de matières premières de l’entreprise, et pourtant cela représentait 25% de son impact environnemental total. Grâce à l’utilisation du cachemire régénéré, l’impact s’est vu réduit pour ne représenter que 2% [11].
Pour résumer, le choix entre matières naturelles et synthétiques doit être réfléchi. Il est essentiel de peser le pour et le contre entre la réduction des émissions de GES et la prévention de la pollution plastique. Il faut aussi tenir compte des solutions alternatives pour réduire l’impact de l’industrie textile.
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Références
[1][4] ReFashion, Union des Industries Textiles Sud, Caractériser l’impact environnemental de la laine, octobre 2019
[2] Ademe, Le revers de mon look, juillet 2022
[3] Patte blanche atelier, Épisode 10 : l’impact des vêtements en laine sur l’environnement, 27 avril 2022
[5] FashionNetwork, Microplastiques : le textile à l’origine de 35% des rejets dans les océans
[6] Mars Elle, La guerre du polyester : les microfibres textiles qui polluent nos océans, 4 mars 2019
[7] Fashion United, Le polyester recyclé est-il vraiment éco-friendly, 28 novembre 2018
[8] The Good Goods, Quelles sont les matières recyclées à connaître pour choisir son maillot de bain, 21 juin 2021
[9][10] Life Cycle Assessment (LCA) of MWool® Recycled Wool Fibers, Isabella Bianco, Raffaella Gerboni, Giuseppe Picerno, Gian Andrea Blengini, 20 avril 2022
[11] Fashion Network, Stella McCartney swaps virgin cashmere for regenerated, 3 août 2016
Article publié le 20/07/2023