La fabrication du jean et ses impacts

Le jean, porté par les mineurs ou encore les légendes d’Hollywood est inventé au XIXe siècle et a souvent joué un rôle important dans les tendances mode. Cette pièce est désormais une pièce iconique de notre garde-robe. Sa fabrication est mondialisée, et ses impacts sont nombreux. Découvrons le processus de fabrication du jean, ses impacts et les solutions alternatives. Mais tout d’abord, un peu d’histoire.

 

L’histoire du jean et son ascension

Le jean est né en 1853, quand Lévi Strauss profite de la ruée vers l’or et émigre aux États-Unis. Il confectionne dans un premier temps des pantalons de travail robustes (à partir de toile de tente), renforcés par des rivets pour les chercheurs d’or. Dans les années 1880, le jean est devenu une pièce qui s’adresse aux mineurs, aux populations ouvrières ainsi qu’aux fermiers américains.  À partir des années 1920, le jean touche de nouvelles populations aux États-Unis. Il correspond à un pantalon populaire et plutôt bon marché. Dans les années 1960, c’est une pièce portée par toutes les classes sociales et tout âge confondu. Désormais, le jean est une pièce incontournable de notre vestiaire.

Voyons ensemble ses différentes étapes de fabrication.

 

Le processus de fabrication du jean

Quelques chiffres : chaque année, près de 2,3 milliards de jeans sont vendus dans le monde.  Selon l’ADEME, la durée de vie d’un jean est en moyenne de 4 ans (porté 1 jour/semaine). Avant d’arriver dans nos armoires, le jean passe par différentes étapes.

Voici une infographie [1] qui représente les différentes étapes de fabrication du jean :

Nous n’aborderons dans cet article que les principales étapes de production.

 

Culture et filature du coton

Le jean est fabriqué à partir de coton, qui est présent dans nos vêtements depuis des milliers d’années. Le saviez-vous ? 500g à 800g de coton sont nécessaires à la confection d’un jean.

Après la récolte, le coton doit être filé en longs fils  pour apporter plus de qualité et de durabilité à la fibre.  Avant que le coton ne soit teint, les résidus sur les fibres de coton sont éliminés.

 

La teinture

On adore la couleur bleu foncé de notre jean brut classique ! Pour obtenir cette couleur appelée indigo, le colorant s’applique sur le coton à l’état de fil. Le colorant ne teint que la surface du fil. Le fil est toujours blanc à l’intérieur, ce qui donne au denim son aspect caractéristique lorsqu’il est porté.

Le colorant indigo est historiquement extrait de plantes. Néanmoins, les quantités produites d’indigo naturel ne sont pas suffisantes pour répondre au besoin de l’industrie. Aujourd’hui, l’indigo de synthèse à base de produits chimiques a largement remplacé l’indigo naturel dans la production textile.

 

Traitement/ délavage du jean

Le délavage, qui va apporter sa touche finale à l’esthétique du jean, peut être effectué par lavage, brossage ou abrasion.

Un des procédés d’abrasion permettant de délaver le jean est le sablage. À l’aide de canons, du sable est pulvérisé sous haute pression sur le jean, souvent au niveau des genoux, des cuisses et du bas du pantalon pour conférer un aspect  vieilli au jean. Un autre procédé de délavage, le stone washing, consiste à frotter le jean avec des pierres (ponces ou de lave).

Les impacts du jean

Il y a trois enjeux à considérer  en ce qui concerne l’industrie du denim. Il s’agit de :

  • L’intense consommation d’eau 
  • La quantité inquiétante d’engrais et de pesticides utilisée dans le processus de culture du coton conventionnel
  • Les produits chimiques toxiques utilisés dans le processus de coloration et de délavage

De plus, entre chaque étape de fabrication, il y a du transport : un jean peut parcourir jusqu’à 65 000km [2] avant d’atterrir dans nos magasins. Ce qui engendre de nombreuses émissions de GES (Gaz à Effet de Serre). À noter que l’étape de fabrication, de la fibre jusqu’au produit fini, est l’étape la plus émettrice de GES. Selon les typologies de produits et des pays dans lesquels ils sont fabriqués, cela représente en moyenne 40% et peut aller jusqu’à 70% de l’impact total du produit fini.

 

La culture du coton : entre consommation d’eau excessive et pollution

Rappelons que la production d’un  jean nécessite l’équivalent de 285 douches ou 10 000 à 15 000 litres d’eau. La majeure partie de la consommation d’eau du jean a pour origine la culture intensive du coton conventionnel. Dans le monde, elle est la 3ème activité agricole la plus gourmande en eau. [3]

L’eau est aussi essentielle  lors des processus de teinture et de délavage. Et selon l’ADEME, la teinture serait ensuite responsable de 20% de la pollution des eaux dans le monde. Comme vu précédemment, le délavage à l’aide de produits chimiques ou de pierres ponces est extrêmement gourmand en eau et polluant, avec des rejets d’eaux usées toxiques. Enfin, de l’eau supplémentaire est nécessaire pour éliminer les divers produits chimiques utilisés sur le pantalon fini.

Un autre souci pour l’environnement est l’utilisation d’engrais chimiques et de pesticides. La culture intensive appauvrit les sols et pollue directement les eaux souterraines et de surface autour des champs de coton. Une forte utilisation de produits phytosanitaires affecte la santé des cultivateurs, ainsi que la qualité du sol, nécessitant toujours plus d’eau et de chimie pour maintenir le rendement des cultures .



Les phases de production du denim : l’omniprésence des produits chimiques toxiques, et de techniques dangereuses pour la santé

L’indigo synthétique n’est pas en reste. Synthétiser le colorant nécessite l’utilisation de différents produits chimiques (tels que le formol et la cyanure d’hydrogène) et un puissant réducteur chimique (corrosif) appelé hydrosulfite de sodium. [4] Bien d’autres éléments utilisés dans les colorants synthétiques seraient néfastes pour la santé des ouvriers.

En plus d’être consommateur de produits chimiques, l’indigo synthétique est énergivore en ressources. Au final, pour synthétiser 1 kg d’indigo, il faut : 100 kg de pétrole, des solvants et 1000 L d’eau.

Enfin, le sablage est à l’origine de maladies respiratoires chez les ouvriers. En effet, la silice, une fine poussière présente dans le sable, est libérée dans l’air. En cas d’inhalation prolongée, elle peut provoquer une maladie pulmonaire incurable appelée la silicose.

 

Les solutions alternatives

Bien évidemment, il existe des solutions alternatives ! Comme le coton biologique , cultivé sans pesticides ni produits chimiques et toxiques. Afin de savoir si la fibre est biologique, il existe différents labels notamment le label GOTS ou le label OCS. 

Une autre alternative plus respectueuse de l’environnement est le coton recyclé, auquel on doit toujours ajouter de la matière vierge pour garantir la résistance du textile.



Pour la teinture, il existe des alternatives telles que la teinture sous forme de mousse, proposée par  la marque de denim Wrangler. Cette technologie réduirait l’utilisation de produits chimiques et seul le rinçage ferait appel à de l’eau. [5]

De son côté, Jeanologia, une entreprise Espagnole, a développé une nouvelle technologie de teinture moins consommatrice de ressources , appelée Colorbox. “En moyenne, on observe une réduction de 60% de la consommation d’eau et de produits chimiques, de 45% d’électricité et de 76% de sel lors du processus de teinture textile”, explique Enrique Silla, le PDG de Jeanologia. [6]

Pour le délavage, les procédés comme le lavage bio et nanotechnologique, le délavage à l’ozone, à la lumière ou au laser sont aujourd’hui plus sains et écologiques, et consomment  moins d’eau.

Enfin, pour garantir l’impact limité du denim, il existe l’écolabel européen.

 

Conclusion

Vous l’aurez compris, le processus de fabrication d’un jean peut être très impactant. Le choix d’un jean en coton biologique ou recyclé, et en toile brute reste le meilleur moyen de limiter ses impacts environnementaux.

Gardons à l’esprit que le denim reste l’une des matières emblématiques de l’industrie de la mode. Sa polyvalence et sa capacité à embellir à peu près toutes les tenues en ont fait un élément de base de pratiquement toutes les garde-robes. Intemporels, les vrais jeans en denim sont résistants et peuvent se garder des années. À vous de bien le choisir pour réduire ses impacts !

 

Références

[1] Thème : Le cycle de vie d’un jean, Institut National de la Consommation, auteur e-graine
[2] Carnet de vie d’un jean, Refashion, auteur ADEME, octobre 2014
[3] Le denim : quel est l’impact social & environnemental de nos jeans ? The Good Goods, 1 janvier 2021
[4] Vers une nouvelle méthode de teinture pour des « blue jeans » plus verts, Fashion Network, 9 janvier 2018
[5] Lee et Wrangler investissent dans un nouveau process de teinte, Fashion Network, 4 janvier 2018
[6] Jeanologia lance Colorbox, un processus de teinture présenté comme plus rapide et moins polluant, Fashion Network, 16 mars 2022

Publié le 13/02/2023

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